Née en 1990. Vit et travaille entre Lyon et Paris
Co-fondatrice et membre du collectif de performance Les enfants de Diane depuis 2017
Co-fondatrice des Ateliers Montebello


Hélène Hulak développe une pratique d’installation mêlant peinture, sculpture, textile. Son travail renverse les imaginaires féminins capitalistes par une esthétique dévorante, saturée, grotesque et incisive : couleurs vives, silhouettes monstrueuses, corps démesurés. Elle détourne des techniques artisanales, notamment textiles (quilt, tricot), pour en altérer l’échelle, la vitesse ou la fonction, et puise dans la culture populaire des images susceptibles de muer et de se transformer. En jouant de leurs codes jusqu’à l’excès, elle interroge nos rapports au genre et à l’environnement. Son travail a été montré au 68e Salon de Montrouge, au macLYON, aux Magasins Généraux (Pantin), à la SIM Gallery (Reykjavik), à KOMMET (Lyon), ainsi qu’à La Villette pour 100% L’Expo (2023). Elle a participé à plusieurs festivals internationaux, dont Lokart Festival (Hongrie) et Prague Art Week (Tchéquie).


"Au centre du Salon de Montrouge, sa grande installation est du même acabit : punk, drôle et féministe. Il ya d’abord cette immense toile grossièrement peinte avec des lles qui s’entretuent dans une salle de bains. Une scène gore et grand guignol où les femmes sortent les griffes. L’artiste, formée aux beaux-arts de Lyon, et enseignante dans des ateliers de pratique amateur, s’inspire d’images piochées dans des lms, la publicité, la peinture et les réseaux sociaux pour en détourner l’érotisme patriarcal. Il y a un peu de Freddy : les griffes de la nuit, de Psychose, ou des Diaboliques version Gorgone dans son imaginaire. Mais le plus stupé ant ce sont ses grandes pièces textiles de lles coincées dans des étendoirs à linge : une vision satirique et ashy de l’enfermement féminin."

Clémentine Mercier pour Libération


"La nature du regard porté sur le corps de la femme, en particulier dans les médias dont le cinéma et la publicité, fait l’objet d’une déconstruction systématique dans le travail d’Hélène Hulak. Depuis ses études aux Beaux-arts de Lyon, dont elle est diplômée en 2018, elle s’inspire de l’imagerie banale qui promeut un érotisme objectivant du corps et participe à une vision sexualisée au service majoritairement d’un regard dominant et masculin. Ce prisme largement répandu impose aux femmes une vision déformée par des standards contraignants et caricaturaux. Hélène Hulak propose de réinventer cette image en partant de ces représentations traditionnelles afin de créer une contre-représentation de la subversion, et pratique ainsi cette forme de « dérèglement » au sens que lui donne la philosophe Geneviève Fraisse pour qui « Dérégler permet de s’introduire dans le mécanisme, de le subvertir ou de le transformer. C’est un choix : non pas inventer un ailleurs, ou supposer une alternative, mais utiliser les éléments du passé à l’intérieur même d’une pratique de subversion.* »
Cette déconstruction de la représentation d’icônes féminines remet en question le regard masculin qui exploite le corps des femmes en produisant des images principalement au service de sa propre jouissance. Afin de débarasser le corps de ces canons artificiels et opprimants, c’est la figure de la sorcière, l’usage de la caricature et la déformation de ces images iconiques qu’elle emploie. Elle exprime ces enjeux par la violence de la couleur et le recours à des techniques artistiques dites abusivement « féminines » telles que la couture ou le tricot, qui prolifèrent dans le hall et la mezzanine du musée comme des toiles d’araignées. Débarrassé des codes surannés de la représentation du désir, le regard rencontre la puissance du corps libéré et réapproprié."

Matthieu Lelièvre, comissaire