Caliban and the Witch(es)

2023
Peinture murale et quilts brodés (pièces textiles)
Exposition collective avec Lux Miranda et Johanna Rocard, commissariat Céline Poizat.

"La sorcière c’est aussi un imaginaire collectif à se ré-approprier : celui des ongles crochu, de la peau verte, de la bouche dévorante. Hélène Hulak en fait le coeur de sa grammaire plastique. Par un travail de l’esthétique du monstre les oeuvres de l’artiste nous parlent de manipulation des images et de marginalité du féminin. La femme dévorante, qui tire les ficelles se manifeste ici sous deux formes : une sélection de pièces en tissu et une peinture murale. Les pièces en tissus s’inscrivent dans une démarche de ré-appropriation de la couture comme médium féminin. La peinture quant à elle s’étend et dévore l’espace, sans excuses de prendre sa place. Les œuvres d’Hélène Hulak sont aussi des fragments de corps, un corps découpé, convoité, désiré, dévoré. Son travail pourrait nous évoquer l’idée de « référent absent » de l’autrice Carole.J Adams qui étudie dans la Politique sexuelle de la viande comment dans le carnisme, la découpe de l’animal en partie est une nécessité pour faire oublier l’être vivant qui est consommé. Pour aller plus loin ce concept nous dit aussi que cette même mécanique est utilisé par le patriarcat sur le corps de femmes pour mieux justifier leur domination et leur exploitation. Dès lors une cuisse, un sein, une bouche sont érotisées au profit du désir masculin et en l’absence de la personne, de la femme, à laquelle ils appartiennent. Parler de sorcières c’est donc aussi parler d’une forme de cannibalisme capitalo-patriarcal des images proche de ce que Jacques Derrida appelait le « carnophallogocentrisme »."

Céline Poizat